JEU VIDEO The Witness

[Nicolas]

La note

18/20

Après la sortie de Braid il y a maintenant plus de 7 ans, Jonathan Blow nous propose enfin un titre inédit qui aura mis pas moins de six ans à voir le jour. Il s’agit de The Witness, un jeu plutôt original qui prend un pari bien risqué en 2016 : celui de mettre à contribution les méninges du joueur.

Les plus

• Direction artistique maîtrisée
• Une vraie leçon de level design
• Des puzzles à foison, intelligents et retors
• Durée de vie solide, que vous soyez un monstre de logique ou non

Les moins

• Narration discrète et un brin pompeuse
• Une difficulté qui peut finir par décourager
• Peut-être un peu cher
• Le côté "simple" recueil de puzzle ne plaira pas à tout le monde

LE TEST
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Dès le début, The Witness ne perd pas de temps et nous lance directement dans le bain. Pas de menu principal, un petit chargement et hop nous voilà dans un long couloir plutôt inquiétant. Aucune indication à l’écran, pas de barre de vie, ni d’inventaire… Ici, il faut tout simplement avancer droit devant. La vue à la première personne renforce l’impression de suffocation que peut provoquer ce tunnel oppressant. Contre pied total, une porte s’ouvre et nous voici sur une île aux couleurs vives qui semble tout droit sortie d’un conte de fée. Puis l’aventure commence. Une sacrée entrée en matière !

FAITES CHAUFFER LES CERVEAUX ​

Dès nos premières minutes sur l’île, The Witness nous embarque dans ses puzzles. Si au début, la plupart d’entre eux se résoudront sans problème, la difficulté grimpe rapidement. Chaque panneau a droit à son propre puzzle avec lequel le joueur doit interagir. Une simple pression sur la touche Croix permet de commencer à résoudre l’énigme qui nous est présentée. Le but est toujours le même : tracer une ligne lumineuse d’un point A vers un point B. Rien de bien compliqué à première vue, mais prenez garde à ne pas pas sous estimer le jeu de Jonathan Blow car la suite de l’aventure s’avèrera bien plus corsée. Parmi les plus de 600 puzzles dispersés sur cette fameuse île, certains donnent juste envie de se taper la tête contre les murs. Parfois, faire preuve « d’intelligence » ne suffira pas et il faudra observer rigoureusement l’environnement pour venir à bout de ces énigmes. Ecouter le chant des oiseaux, regarder les ombres projetées par les arbres ou encore se servir de la lumière du soleil pour découvrir la solution… Nous n’en dirons pas plus, car le vrai intérêt est tout de même de découvrir la solution par soi-même. Une fois un puzzle complété, un autre connecté par un câble d’alimentation se débloque. Il faut tous les résoudre afin d’arriver à enclencher un mystérieux mécanisme qui pointera une lumière vers le sommet de la montagne qui domine l’île.

UNE ÉPOPÉE MAGNIFIQUE ET SILENCIEUSE ​

Mais The Witness ne se contente pas de nous proposer du challenge via ses puzzles. En effet, ce qui marque avant tout, c’est la beauté des environnements parcourus au fil de l’aventure. L’île est un modèle de variété avec son désert, sa jungle, son village ou encore son petit coin paradisiaque. Les couleurs sont vives et plutôt que de faire dans le photo-réalisme comme dans beaucoup de productions actuelles, Jonathan Blow a choisi de rendre son univers en, presque magique mais aussi terriblement froid. En effet, cette île est tout simplement déserte et ne présente aucun signe de vie à sa surface. Seul les bruits de l’océan ou du vent se laissent entendre. Cela donne un réel sentiment de solitude, le tout renforcé par l’absence totale de musique. Ce vide est parfois assez déstabilisant dans une période où les jeux vidéo ont tendance à nous proposer des compositions musicales épiques pour nous plonger au cœur de l’action. Mais ici, ce n’est pas le cas et The Witness nous confronte directement à cette impression d’être seul au monde, sans aucune aide extérieure possible pour nous aider à résoudre ces centaines de puzzles… ces derniers renfermant les secrets de cette île mystérieuse.

FRUSTRANT, EXIGEANT, GRATIFIANT, FATIGUANT ET PRENANT ​

Sous ses airs de simple jeu de réflexion agrémenté d’une pointe d’exploration, The Witness fait vraiment passer le joueur par tous les états. Certes, sa difficulté en frustrera plus d’un, mais depuis des années on reproche aux jeux vidéo d’être trop accessibles et de ne pas résister à celui qui tient la manette, avec une fin qui arrive trop vite sans opposer de réel challenge. Jonathan Blow nous prend à contre-pied, et c’est une excellente chose, même s’il faut reconnaître que la solution de certains puzzles semble parfois impossible à deviner. Pourtant, on essaye encore et encore, on s’accroche… C’est la vraie réussite de The Witness qui se veut être un titre prenant, frustrant mais aussi motivant à chaque puzzle réussi. Même si un puzzle difficile peut en cacher dix autres après lui, il faut se battre pour percer à jour les mystères de cette île. Le jeu en vaut la chandelle ! Cependant, il faut bien reconnaître que la narration obscure n’aide en rien à comprendre ce qui se passe sur ce bout de terre perdu au milieu de nulle part.

DIFFICILE A COMPRENDRE​

Car même si la musique est totalement absente, il existe bien une histoire et une narration. A certains endroits plus ou moins cachés, il sera possible de découvrir des enregistrements audio faisant référence à des phrases et citations qui à première vue peuvent sembler sans lien avec la situation. Sans trop spoiler, la manière de raconter l’histoire est bien différente de tout ce qui a pu être fait auparavant dans le monde du jeu vidéo. On enchaîne les puzzles sans vraiment comprendre où The Witness désire nous porter, mais il y a une véritable envie de connaître la vérité, aussi confuse soit-elle, que veut nous confier le jeu. Difficile de savoir si beaucoup de joueurs auront la force ou la patience d’aller au bout de l’aventure tant la difficulté peut parfois sembler insurmontable, mais plus le joueur avance, plus il est récompensé de ses efforts. Jonathan Blow n’a pas fait dans le conventionnel concernant son histoire : pas de PNJ, pas de quête, peu ou pas d’interactions avec l’environnement… Nos repères sont brouillés et c’est ce qui fait de The Witness une expérience unique.
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Jonathan Blow est content des ventes de The Witness et le fait savoir sur Twitter. Le créateur de Braid explique que le jeu est en bonne voie pour dépasser en une seule semaine les ventes que son premier jeu a faites en une année entière.

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